Gates, Harari, Schwab, Soros, Strong… Si ces hommes influents partagent le vœu de réduction drastique de la population mondiale, c’est aussi le cas de Jane Goodall, primatologue et militante écologiste de l’aube pour qui desseins spiritualiste et malthusianiste ne font qu’un.
La réduction démographique décomplexée
Jane Goodall possède un CV à la Maurice Strong. Âgée de 88 ans, cette éthologue de renom est connue sur la scène internationale pour ses travaux pionniers sur les chimpanzés et les interactions entre les humains et les animaux. Anglaise, elle a reçu le grade de Dame Commander of the British Empire, deuxième grade le plus important de cette distinction. En 2002, les Nations unies lui ont conféré le titre honorifique de Messagère de la Paix, en reconnaissance de son soutien aux travaux de l’ONU. Mais la raison du présent article se situe ailleurs. Invitée à Davos en 2020, Goodall tint les propos suivants, au cours d’une table ronde intitulée « Assurer un avenir durable pour l’Amazonie » 1.
Ces propos font écho aux préoccupations du Good Club réuni en 2009 sur l’initiative de Bill Gates. Mais aussi, à d’autres personnalités. Maurice Strong, dans son autobiographie datée de 2000, se prononçait avec entrain pour un retour à la démographie du début du XXe siècle, « une lueur d’espoir pour l’avenir de notre espèce et son potentiel de régénération » 2. Ted Turner, le milliardaire magnat des médias qui a créé la United Nations Foundation, liée à l’ONU, approuvait en 2013, dans le cadre de sa fondation, l’idée de « réduire la population en ayant volontairement un seul enfant par famille pendant cent ans. Ramener la population là où Paul Ehrlich 3 a dit qu’elle devrait être, soit environ deux à deux milliards et demi de personnes ».
En décembre 2021, James Lovelock, centenaire, auteur de l’Hypothèse Gaïa et co-président de l’ONG Population Matters 4, déclarait pour la BBC que le seuil démographique mondial se limiterait à « pas plus d’un milliard, probablement moins […] c’est très important. » Le Prince Philip de Mountbatten, cofondateur du WWF et mari d’Elizabeth II, dans des propos rapportés par The Guardian, souhaitait se réincarner « sous la forme d’un virus mortel, pour contribuer à résoudre la question de la surpopulation. » Goodall s’inscrit donc dans la droite ligne des élites anglo-américaines et de leur obsession néo-malthusienne.
Un profil ancré dans la spiritualité écologiste
Jane Goodall s’est investie dans de très nombreuses initiatives. Le site Sourcewatch, en sommeil depuis une dizaine d’années sur certaines fiches, en fournit un panorama fort complet. Il recense environ 80 organisations où Goodall a occupé des postes variés (fellow, bureau consultatif, direction, conseil du président, membre honoraire, consultante…). Citons quelques exemples. Comme Ted Turner, elle fut notamment codirectrice du State of the World Forum 5, qui affichait comme objectif de « faire travailler ensemble des partenaires du monde entier pour regrouper le génie créatif de la planète dans la recherche de solutions aux défis mondiaux critiques ».
Outre des entreprises, nous y trouvions des financements de la Rockefeller Foundation, du Rockefeller Brothers Fund, ainsi que des fondations Ford, MacArthur et Hewlett. Goodall siège au bureau honoraire de Green Cross International, calque environnementaliste de la Croix Rouge créé par Gorbatchev 6, et anciennement dirigé par Alexander Likhotal, membre du conseil d’Earth Charter International et membre du comité exécutif du Club de Rome. Elle est en outre une patronne de Population Matters, déjà citée.
La pensée de Goodall est en osmose avec celle de Davos. La devise de la première comme du second sont des paraphrases de la Tikkun Olam (« réparer le monde ») et laissent entendre que les deux se veulent investis d’une mission quasi religieuse. Le World Economic Forum de Schwab déclare vouloir « améliorer l’état du monde », tandis que la Jane Goodall Legacy Foundation affiche « you can help heal the world » (« vous pouvez aider à guérir / réparer le monde »).
Goodall s’inscrit aussi dans la filiation de références écologiques comme la Charte de la Terre. Steven C. Rockefeller, coauteur de la Charte et fondateur d’Earth Council International, a de ce fait siégé sans surprise au bureau consultatif international d’une autre organisation de l’éthologue, le Jane Goodall Institute. Assez logiquement, Goodall est liée au New Age 7, ce que met en lumière une lecture de son autobiographie Reason for Hope: A Spiritual Journey. Chroniquée par la revue New Age, Goodall y décrit son initiation à la théosophie 8. Elle se retrouve également dans plusieurs organisations aux noms liés à la mouvance New Age et à visée syncrétique : Orion Magazine, World Council of Religious Leaders, World Wisdom Council…
De l’Institut Goodall à la Fondation pour l’héritage
Le Jane Goodall Institute, fondé en 1977, est une bonne synthèse des intérêts que représente Jane Goodall, cache-sexe d’autres activités. L’Institut comprend plusieurs dizaines de partenaires, et plusieurs centaines de bailleurs de fonds. Parmi les entreprises et fondations d’entreprises : Microsoft (Bill Gates), Salesforce (Marc Benioff), Facebook (Mark Zuckerberg), Delta Air Lines, ESRI (Environmental Systems Research Institute) 9.
Côté gouvernemental : National Aeronautics and Space Administration (NASA), USAID (faux-nez de la CIA), U. S. Fish and Wildlife Service. Soit des acteurs qui peuvent avoir grand intérêt à s’appuyer sur les connaissances et les réseaux de l’institut (ou l’utiliser comme écran) tant pour identifier et cartographier des zones de ressources et de minerais, que pour développer des leviers de finance verte et bleue sous patronage américain. L’Institut a en effet implémenté un plan d’action de conservation sur 3,4 millions d’hectares. Mais comme nous l’avons déjà souligné ailleurs, ce wilderness, s’il entend préserver des zones de l’activité humaine, se montre moins regardant lorsqu’il s’agit d’extraire des ressources ou de financiariser des services écosystémiques.
Sa Fondation Jane Goodall Legacy, où la primatologue apparaît l’air bienveillante et portant un foulard composé de papillons « monarque » 10, a été créée en 2017. Elle se fixe pour but notable de soutenir et de diffuser les programmes du Jane Goodall Institute, en particulier celui à destination de la « jeunesse du monde », qui travaille avec des écoles, des éducateurs ainsi que des organisations de jeunesse. En trente ans, l’Institut a de fait réussi à développer de tels programmes environnementalistes dans plus de 65 pays.
La Jane Goodall Legacy Foundation dispose par ailleurs d’un Conseil pour l’Espoir (Council for Hope) 11. Quelques profils sont intéressants à mentionner : professeur Lord Nicholas Stern, de la London School of Economics, création de la Société fabienne ; Marc Benioff à nouveau, fondateur et co-PDG de Salesforce ; Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix et membre de la Rockefeller Foundation 12.
En somme, nous pourrions dire que Jane Goodall est une synthèse : New Age, écologie et réduction démographique, et feuille de vigne de business comme des services de renseignement anglo-américains. Une personnalité bien loin de l’image présentée sur Vikidia, « l’encyclopédie des 8 – 13 ans ».
1 – En complément de sa déclaration du 22 janvier 2020 à Davos dont elle est contributrice : « Nous ne pouvons pas nous cacher de la croissance de la population humaine, car vous savez qu’elle sous-tend un ensemble d’autres problèmes. Ce dont nous avons parlé ne serait pas un problème si la taille de la population était celle d’il y a cinq cents ans. » ajoutons que la population mondiale d’il y a cinq cents ans, soit en 1500, se situait entre 425 et 540 millions de personnes, chiffre approchant les « commandements » inscrits sur les Georgia Guidestones.
2 – Strong (Maurice), Where on Earth Are we Going ?, format Kindle, emp. 395-398.
3 – Auteur d’un livre qui a marqué le mouvement écologiste et son idéologie néo-malthusienne, La Bombe P. (The Population Bomb, 1968).
4 – Dont l’ancien nom, plus explicite, est Optimum Population Trust. On y trouve par ailleurs Paul Ehrlich.
5 – Dont la première édition a été coorganisée, entre autres, par Mikhail Gorbachev, Ted Turner et Maurice Strong.
6 – Aux côtés entre autres de Leonardo DiCaprio ou de David Suzuki, père de la Greta Thunberg première version du Sommet de Rio, Severn Cullis-Suzuki. Sur la même variation de thème, Greta Thunberg, Jane Goodall et Sir David Attenborough (entre autres patron de Population Matters, anglais comme Goodall, multi-anobli et âgé de 96 ans) figuraient ensemble sur une vidéo du WEF datée de 2019, « Plea for the Planet ».
7 – Chronique reproduite dans ce livre de Goodall, format Kindle, emp. 66.
8 – Au sens de la Société théosophique, comme le montre la fiche consacrée à Jane Goodall sur Theosophy Wiki. Pour les mentions de l’initiation de Goodall, voir son autobiographie aux emplacements 615, 622, 642 et 1160, soit respectivement les pages 32, 34 et 79 de l’édition papier.
9 – Fondé en 1969, l’Esri est pionnier du logiciel de cartographie et d’analyse SIG (Système d’Information Géographique). Il est en outre appuyé par la CIA et travaille depuis plus de trente ans avec la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA). En 2010, l’U.S. Geospatial Intelligence Foundation a d’ailleurs remis une récompense à Jack Dangermond, fondateur de l’Esri, précisant que par le passé, ce prix avait été remis à des membres du renseignement dont la CIA.
10 – Certains y verront un lien avec la branche Monarch du projet MK Ultra. Si celui-ci est officiel cette branche ne l’est pas. Nous nous contentons de signaler le clin d’oeil vu les nombreux éléments théosophiques dans celle-ci et que Jane Goodall revendique.
11 – Un élément de langage qui n’est pas sans rappeler l’Arche de l’Espoir.
12 – Yunus a plusieurs autres casquettes. Il a notamment fondé Yunus Social Business (YSB) Global Initiatives, un fonds de capital-risque qui compte, parmi ses partenaires financiers : Rockefeller Foundation, Bill & Melinda Gates Foundation, Clinton Foundation, USAID, Bank of America… Il travaille en outre en collaboration avec la Schwab Foundation for Social Entrepreneurship de Klaus Schwab. Le YSB annonce qu’il « convertit les dons philanthropiques en investissements dans des entreprises sociales durables ».
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