Pass carbone — Quatrième partie : WWF et biodiversité
Pass carbone — Quatrième partie : WWF et biodiversité

Pass carbone — Quatrième partie : WWF et biodiversité

Alors que Davos prépare les peuples à l’adoption du pass carbone, il nous a cru bon d’en révéler les origines et enjeux dans un article en huit parties, voici la quatrième.

Campagne présidentielle 2022 : le WWF a explicitement demandé l’implémentation, par le futur président élu, d’un « passe climatique ». Il s’appliquerait aux décideurs politiques mais pas aux citoyens, promettait l’ONG. Chaque décision, à chaque échelon de la hiérarchie des normes – ainsi que les feuilles de route stratégiques – devraient être évaluées par « une institution indépendante qui déterminera, à l’aide d’indicateurs fiables, si elle contribue bel et bien à faire progresser la France vers ses objectifs de réduction d’émissions de CO2 et de protection de la biodiversité ».

Reformulé, le WWF cherche à s’assurer que la France obéisse bien à la trajectoire fixée par les ODD de l’Agenda 2030 de l’ONU (et donc, par extension, du Great Reset de Davos). Pour ce faire, l’ONG articule son plan autour de trois axes : objectifs affichés avec échéancier ad hoc, évaluation des décisions avant leur adoption, et une « vigie climatique », le fameux organisme indépendant doté de pouvoirs et de fonds renforcés. Le Haut conseil pour le climat – où siège notamment Jancovici, comme déjà mentionné dans notre troisième partie – est explicitement nommé. Le WWF affiche clairement sa volonté de contrainte :

Le passe climatique fonctionnera comme un “laisser-passer”, véritable sésame, sans lequel toute proposition politique pourra se voir rejeter.

WWF France

L’ONG veut systématiser un « réflexe climatique » et donner la possibilité aux juges « de déclarer irrecevable une décision incompatible avec les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique et de protection de la biodiversité ». Pour autant, la feuille de requêtes du WWF n’est que l’arbre qui cache la forêt. Dans son rapport dédié complet (environ 50 pages), l’organisation néo-malthusienne va bien plus loin. Ses procédés de manipulation restent comparables à ceux que l’on trouve chez des ONG telles que Greenpeace : (grand) narratif anxiogène, présentation biaisée des faits, appel aux circuits limbiques (émotions) du cerveau, appel trompeur à un « débat démocratique éclairé et apaisé ». Le WWF demande par ailleurs de s’appuyer sur des indicateurs « objectifs » tels que le Jour du Dépassement, co-élaboré avec le Global Footprint Network.

Entre autres appels trompeurs, nous lisons que le WWF défend la « participation des citoyens dans les décisions publiques ». Il s’agit ici encore d’une feuille de vigne. Rappelons que cette ONG dispose d’une capacité conséquente de mobilisation du public, qui s’est illustrée avec succès au travers de plusieurs campagnes européennes telles que #Together4Forests (plus d’un million de personnes qui ont répondu présent à l’appel du WWF) ou #ProtectWater (voir notre rapport sur l’influence des ONG pour la Fondation Identité et Démocratie).

Dans son rapport complet, le WWF met l’accent sur l’agroalimentaire, la mobilité ainsi que l’énergie, des thèmes complétés par une promotion du Wilderness, i. e. la création d’espaces « protégés », en particulier dans les DOM-TOM. Comme nous le traiterons dans une série d’articles à venir, cette approche est un enjeu de puissance majeur – ainsi que de business, avec le recto-verso (doubleplusbon, lirait-on dans le 1984 d’Orwell) conservation-restauration. Présentement, le rapport du WWF comporte trois grandes orientations.

Premier axe : mettre le climat et la biodiversité au cœur des politiques publiques et engager les parties prenantes

Le WWF se réfère au Jour du Dépassement et rappelle la condamnation de l’État pour « inaction climatique » dans le procès initié par la coalition L’Affaire du Siècle, cache-sexe du lobbying sur le concept d’écocide (via Notre affaire à tous avec une personnalité centrale comme Valérie Cabanes présidente et fondatrice de End Ecocide on Earth). Le passe climatique serait selon le WWF la meilleure solution pour s’aligner sur les objectifs du Pacte vert pour l’Europe (et son package Fit for 55, soit -55% des émissions de CO2 à horizon 2030), déclinaison communautaire de l’Agenda 2030 onusien. L’ONG présente bien entendu son passe comme une simple « évaluation environnementale » destinée à analyser l’empreinte écologique de notre pays. Le WWF entend agir au plus haut niveau : invocation d’un jugement administratif, révision du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), intégration des objectifs dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et la Stratégie nationale biodiversité (SNB), stratégies « qui devront être rendues juridiquement contraignantes avec un pilotage assuré, non plus au niveau du ministère de la Transition écologique, mais au niveau du Premier ministre ».

L’évaluation environnementale du passe serait renforcée par une « autorité administrative indépendante » (un terme qui n’abusera personne ici) exerçant un contrôle amont et aval sur les propositions législatives. Un juge pourrait ainsi bloquer des décisions contraires aux objectifs fixés par le passe climatique. Le Haut conseil pour le climat serait quant à lui renforcé dans ses attributions et indépendant « vis-à-vis du pouvoir politique ».

Mais le WWF va bien plus loin. Climat et biodiversité doivent ainsi pénétrer durablement le domaine des finances publiques, par l’adoption d’une loi de programmation pluriannuelle des financements pour la transition écologique. Le budget vert des collectivités doit être développé, « avec une obligation pour les régions, départements et grandes intercommunalités ». Le WWF renvoie ici à la méthodologie du think tank I4CE, qui est l’un de ses collaborateurs réguliers. I4CE est par ailleurs dirigé par Benoît Leguet, membre du Haut conseil pour le climat et signataire du Manifeste pour décarboner l’Europe du think tank de Jancovici, The Shift Project.

Autre versant du Grand Narratif de Davos, le WWF mentionne les pandémies et accuse les pratiques agro-alimentaires intensives et non-durables. L’ONG demande une reconversion avec un « verdissement » accru des portefeuilles publics et privés. Sans surprise, l’organisation appelle à négocier un traité international sur les pandémies, en reprenant la thèse officielle sur l’apparition du COVID et en prenant pour référence l’OMS – qui rappelons-le, est massivement financée par la Fondation Gates. Côté énergie, le WWF se montre radical et requiert la fin des subventions publiques aux projets gaziers et pétroliers (et à leurs infrastructures correspondantes) à l’étranger dès début 2023 par inscription dans la loi et modification d’un article correspondant du code des assurances.

Dans le domaine économique, le WWF veut là aussi renforcer la contrainte, en dépassant le stade actuel de la RSE et de l’ESG. Le reporting extra-financier des entreprises devra par exemple devenir contraignant pour les sociétés de plus de 250 salariés (contre plus de 500 auparavant). C’est notamment avec de telles propositions que le mensonge initial du WWF se révèle, avec un passe climatique supposé ne pas concerner les citoyens. En impactant les entreprises, le WWF touche directement et indirectement la population. Présenté tel quel, cela peut paraître abstrait, mais dans le texte, l’ONG est explicite :

Le WWF France appelle ainsi à rendre obligatoire pour les entreprises le fait de se doter d’objectifs de durabilité alignés avec les objectifs de politiques publiques tels que l’Accord de Paris, la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB), la Convention sur la diversité biologique, etc. Ces objectifs devront être spécifiques à l’entreprise, basés sur des fondements scientifiques, mesurables, avec une échéance claire et être adossés à un plan de transition. Il existe déjà plusieurs initiatives pour accompagner les entreprises dans la définition d’objectifs telles que l’initiative Climate Science-Based Target (SBTi) portée par le WWF dans laquelle plus de 2000 entreprises dans le monde se sont engagées à se fixer des objectifs climatiques alignés avec la science, ou les engagements Zéro Déforestation Nette. Il s’agit désormais de passer à l’échelle, en faisant une obligation légale pour les entreprises de plus de 250 salariés. (souligné par l’ONG)

Les propositions du WWF France pour améliorer l’état écologique de la France (page 17)

Il est en outre question de prendre progressivement le contrôle de l’orientation des entreprises, en pénétrant leur gouvernance. Comment ? Par l’intégration « des experts des enjeux environnementaux dans les conseils d’administration ». Mais le plus intéressant vient ensuite, lorsqu’il s’agit de passer à une comptabilité multi-capitaux pour les entreprises, i. e. qui intègre la gestion des « capitaux naturels », un concept développé depuis plusieurs années par les tenants de l’éco-business. En dernier lieu, l’aide accordée aux entreprises devra être soumise à une éco-conditionnalité (dit autrement, les dernières exigences climatiques en date), mais aussi d’indexer l’aide de la part des institutions financières sur les objectifs climat & biodiversité. Il s’agit bien entendu d’exigences étrangères au souci de la préservation environnementale. Dans la même partie de son rapport, le WWF critique ainsi les « émissions élevées associées à l’extraction et la combustion du gaz fossile » et préconise des solutions fondées sur la nature (un autre élément de langage davosien) et les données scientifiques. Pourtant, à l’instar d’un Greenpeace, aucun mot sur le désastre environnemental des énergies dites propres et renouvelables.

Enfin, le WWF préconise d’intégrer les questions du climat et de la biodiversité dans l’éducation et la formation. De ce fait, enfants comme (futurs) décideurs politiques seront formatés sur le Grand Narratif. Soit un endoctrinement dès le plus jeune âge pour ne penser l’écologie qu’au travers des Objectifs de Développement Durable. Pour les hauts fonctionnaires, il est d’ailleurs demandé que la formation aux enjeux climatiques soit continue et obligatoire. Un pied-dans-la-porte de plus pour permettre au WWF et à sa galaxie de distiller l’idéologie davocrate au plus haut-niveau.

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