The Great Narrative ou les promesses de Davos — Premier extrait
The Great Narrative ou les promesses de Davos — Premier extrait

The Great Narrative ou les promesses de Davos — Premier extrait

Les narratifs fournissent le contexte dans lequel les faits que nous observons peuvent être interprétés, compris et sur lesquels fonder des actions. […] Pour résumer : les narratifs modèlent nos perceptions, qui en retour forment nos réalités et finissent par influencer nos choix et nos actions. Ils sont notre façon de trouver du sens à la vie.

Klaus Schwab et Thierry Malleret – The Great Narrative (page 17)

Le 28 décembre 2021, Klaus Schwab et Thierry Malleret publiaient The Great Narrative – for a better future, sous-titré The Great Reset: Book 2. Cet essai se présente comme une poursuite pratique des constats dressés par le duo dans COVID19: The Great Reset, publié en juillet 2020. Les auteurs y promeuvent le constructivisme, outil à façonner la réalité et qui permettra selon eux à l’humanité de survivre. « Créatures à storytelling » (page 17), nous agirions sur impulsion du pouvoir de la narration, de récits qui sont depuis toujours notre mode de communication et de transmission parmi les plus élémentaires. Mais ces récits, du moins ceux présentés dans leur essai, s’articuleraient autour d’une seule histoire centrale – ce fameux « grand narratif » (Great Narrative).

L’enjeu est donc posé : la maîtrise de la narration, i. e. d’une grande narration unique. En d’autres termes, il s’agit d’implémenter de manière durable une vaste ingénierie sociale, une cybernétique appliquée destinée à préserver les élites davosiennes d’un choc en retour (violent) des peuples, tout en optimisant le contrôle social et en maximisant les profits des élites de l’écosystème du World Economic Forum (WEF). Seule cette maîtrise, comprend-on, rendrait possible la « grande réinitialisation » (Great Reset). Car bien que les auteurs se défendent – hypocritement – de toute prescription en affirmant seulement proposer un cadre, l’influence et les activités du World Economic Forum renvoient à un agenda précis et qui gagne rapidement du terrain au travers de ses nombreux proxys (cf. notre rapport sur L’influence législative des ONG).

Après tout, Schwab écrivait dans son précédent essai qu’ « une seule voie nous mènera vers un monde meilleur ». Dans une vidéo de 2017 à l’Harvard’s John F. Kennedy School of Government, il se vantait avoir fait pénétrer les gouvernements de plusieurs pays par ses Young Global Leaders, un programme créé par Davos en 1992 (alors sous le nom Global Leaders for Tomorrow), un an après le Sommet de Rio organisé par son mentor (outre Henry Kissinger), l’omniprésent Maurice Strong 1.

Une consultation de la partie dédiée du site du WEF rapporte plusieurs noms influents parmi ces Young Global Leaders 2, dont certains occupent les plus hautes fonctions gouvernementales de divers pays. Ne tenant aucunement compte des dernières données concernant le COVID (le duo écrit que « deux ans après, la pandémie semble sans fin et se poursuit », p.10), les auteurs prétextent une ère des pandémies qui « forcent à repenser le contrat social qui nous lie » (p.13) pour procéder à des changements drastiques dont The Great Reset faisait office d’aperçu. Ils sont rappelés dans ce nouvel essai : sociétés, économies, institutions, Droit et règles qui les régissent, ainsi que nos modes de vie et nos habitudes de consommation. Pour avancer ses propositions, The Great Narrative se prétend bien entendu fondé sur les preuves et informé par la science (le fameux science-based lobbying). Il est en outre parsemé du fruit d’entrevues menées avec 50 personnalités présentées comme de grands penseurs et faiseurs d’opinion mondiaux.

L’essai comporte néanmoins des pudeurs de langage, souvent absentes des exposés radicaux des conférences du WEF – par exemple sur la réécriture de l’ADN ou son « hack » avec Yuval Noah Harari, ou une population mondiale limitée à 500 millions de personnes comme souhaité (entre autres) par la primatologue Jane Goodall 3.

1 – Comme les prochains articles le montreront, le poids de l’influence de Maurice Strong quant à l’écologie mondialiste, et donc Davos, est immense. Pour se faire déjà une idée de la direction entreprise par ses disciples, citons seulement cette phrase tirée de son autobiographie Where on Earth are we Going? : « À la fin du XXe siècle, l’accroissement exponentiel de la population humaine était perçu comme le plus grand problème de l’humanité, « l’Ur-problem » [le problème initial] au fondement de tous les autres. Pourtant désormais la croissance démographique a cessé ; les niveaux de population chutent précipitamment presque partout, et certaines zones de notre planète ont été presque entièrement dépeuplées. Davantage de personnes meurent, et meurent plus jeunes – les taux de naissance ont chuté drastiquement tandis que la mortalité infantile s’accroît. À la fin de la décennie, les meilleures approximations évaluent la population mondiale totale à 4,5 milliards, un peu moins qu’au début du siècle. Et les experts ont prédit que la réduction de la population humaine pourrait bien continuer au point que ceux qui survivent ne pourraient pas se compter à plus du 1,61 milliard de personnes qui peuplaient la Terre au début du XXe siècle. Une conséquence, oui, de la mort et de la destruction – mais en fin de compte une lueur d’espoir pour l’avenir de notre espèce et son potentiel de régénération. »

2 – On pensera notamment à Emmanuel Macron, non seulement en tant que président de la République française et président pendant plusieurs mois du Conseil de l’Union Européenne, mais également parce que Klaus Schwab a déclaré en 2018, lors d’une entrevue avec Darius Rochebin, qu’Emmanuel Macron était l’un des fers de lance de la révolution européenne en faveur d’un nouveau modèle de société.

3 – Primatologue de renommée mondiale et fondatrice du Jane Goodall Institute, celle-ci déclarait à la conférence « Assurer un avenir durable pour l’Amazonie » du World Economic Forum (2020) : « Nous ne pouvons pas nous cacher de la croissance de la population humaine, car vous savez qu’elle sous-tend un ensemble d’autres problèmes. Ce dont nous avons parlé ne serait pas un problème si la taille de la population mondiale était celle d’il y a cinq cents ans. »

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3 commentaires

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  3. Raphaël

    M. Kerlirzin, narratif n’est pas un nom mais un adjectif. La traduction de l’anglais narrative est récit en français. Vous êtes familiarisé avec l’ingénierie sociale et les détournements du langage, vous savez comment la manipulation des mots leur fait perdre leur sens. Évitons de faire disparaître la langue française par un emploi abusif de narratif comme nom, ce qui crée de la confusion, de la même manière que dans le discours médiatique l’expression fake news a avantageusement servi à effacer le mot mensonge et donc a privé l’idée de mensonge de la valence émotionnelle contenue dans le mot.

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