Dernier extrait en guise de bonus, faisant suite au premier consacré à The Great Narrative et au deuxième sur Davos Man, pour s’attarder sur les activités du patron de Davos, finalement plus opaques que la transparence dont il est pourtant un chantre.
Dans Davos Man, Peter S. Goodman apporte quelques éclairages méconnus sur la personnalité et l’éthique – douteuse – de Klaus Schwab. Ainsi apprend-on que dans ses voyages, Schwab demande à être traité comme un chef d’Etat en visite, avec des délégations lui souhaitant la bienvenue à l’aéroport ; qu’au QG du Forum de Davos, un couloir qui relie deux ailes se compose de portraits de Schwab qui pose avec divers leaders mondiaux ; que le patron du World Economic Forum (WEF) a voulu faire licencier une employée qui avait pris sa place de parking ; ou encore que Klaus Schwab a souvent dit à ses collègues qu’il s’attend à recevoir un Prix Nobel de la Paix.
L’aspect économique est par ailleurs éclairant. Peter S. Goodman précise que Schwab et sa femme tirent par exemple des avantages financiers de Davos, avec l’illustration d’Audi, qui fournit les navettes mais aussi des véhicules à prix cassés au couple. Le budget du Forum couvre les déplacements de Klaus Schwab à travers le monde, ainsi que ses frais de traiteur et de sécurité pour ses réceptions onéreuses dans sa demeure somptueuse de Cologny. Au cours des années, le Forum a dépensé près de 80 millions d’euros pour l’achat de terres, dont deux parcelles qui relient la demeure de Schwab au Forum. Même dans les années 1990, quand le Forum n’employait que quelques dizaines de personnes, le salaire annuel de Schwab était comparable à celui du secrétaire des Nations Unies, soit 400 000 $ par an.
Klaus Schwab avait confié à son neveu Hans Schwab la création de plusieurs business, prenant le Forum comme son fonds de capital-risque (venture capital fund) personnel. Au milieu des années 1990, Hans Schwab a fondé Global Events Management, financé pour moitié par le Forum, et qui a bénéficié dès le départ d’un contrat avec le Forum pour gérer tous ses événements – soit plusieurs millions de dollars annuels. Schwab a voulu que ceci soit rapporté dans les rapports annuels du Forum et avait alors dit à Barbara Erskine, directrice des communications du Forum – qui l’avertissait sur les libertés prises avec la nature non-lucrative de Davos – qu’il voulait être vu comme un businessman.
Klaus Schwab a par la suite envoyé son neveu à Boston pour diriger Advanced Video Communication, une start-up financée par le Forum, sous la direction de Schwab, à hauteur de 5 millions de dollars. La start-up a été revendue à USWeb Corp, pour un total de 16 millions de dollars d’actions. L’entreprise a accueilli Klaus Schwab à son bureau et l’a récompensé par 500 000 $ de stock-options. Les actions se sont envolées, et les 5 millions du Forum sont devenus 20 millions. Avant la fin de la fusion, Schwab a cependant opéré un changement de dernière minute et a demandé à son neveu de transférer ses parts dans une nouvelle entité, la Schwab Foundation for Social Entrepreneurship, qui a donc reçu les bénéfices. Goodman précise qu’il est impossible de savoir où tout cet argent est réellement allé 17.
- The Great Narrative ou les promesses de Davos — Premier extrait
- The Great Narrative ou les promesses de Davos — Deuxième extrait
- The Great Narrative ou les promesses de Davos — Troisième extrait
17 – Peter S. Goodman, op. cit., pp.39-43.
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