Dans le #GreatNarrative, Davos a demandé l’avis de Davos. Une cinquantaine de « penseurs mondiaux et de faiseurs d’opinion » ont été sollicités. Zoom sur deux de ces contributeurs.
Anita Allen-Castellitto
Anita Allen-Castellitto, contributrice à l’agenda de Davos, dispose d’un pedigree conséquent. Avocate et professeur de philosophie à l’Université de Pennsylvanie, elle y déploie sa présence dans plusieurs centres, qui vont de l’économie de la santé en passant par les études africaines en passant par la recherche sur l’innovation technologique. Elle fut également présidente de l’American Philosophical Association, et est membre de la National Academy of Medicine, de l’American Law Institute et de l’American Academy of Arts and Science, tout en ayant reçu une fellowship de la Ford Foundation. Par ailleurs, elle participa en 2010 à la Commission nationale de Barack Obama pour l’étude des questions bioéthiques 1 et fut membre des directoires du National Constitution Center, du Bazelon Center for Mental Health Law, et de l’Electronic Privacy Information Center.
Son profil sur le site du World Economic Forum (WEF) ajoute qu’elle est l’auteur de plusieurs livres consacrés à la confidentialité et à la protection des données, sujets sur lesquels elle serait reconnue comme une experte mondiale. Dans The Great Narrative, les auteurs l’ont interrogée entre autres sur l’état du monde et les défis auxquels il ferait face. Anita Allen-Castellitto se déclare plus pessimiste que quelques années auparavant. Au-delà de son soutien à la vie privée et à la confidentialité que l’on pouvait encore trouver dans la présentation d’un de ses livres en 2011, elle déclarait ici :
J’ai été très optimiste toute ma vie […] mais, au cours des trois dernières années, la combinaison de ce qu’il se passe politiquement dans le monde sur l’anti-démocratie et ce qui se passe avec le racisme […] entraîne la perte de mon optimisme pour devenir membre de la majorité craintive – ces gens qui sentent que ce que nous avons est fragile et que nous pourrions le perdre. 2
Anita Allen-Castellitto
Margaret Chan
Margaret Chan est à la fois membre du Forum de Davos et contributrice à son agenda 3. Hong-kongaise, elle est la doyenne fondatrice de la Vanke School of Public Health au sein de l’Université de Tsinghua, sise en Chine. Cette école en santé publique a été créée par Chan début avril 2020, « dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID19 ». Sa fiche membre de Davos précise que cette école « travaille étroitement avec l’OMS et ‘soutiendra le contrôle de l’épidémie en Chine, le développement d’un vaccin et les think tanks décisifs liés à l’élaboration des politiques majeures en santé publique’ durant les prochains cinq à dix ans ». Mais Chan est surtout la prédécesseuse de Tedros Adhanom Ghebreyesus au poste de directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En parallèle, elle fut ordonnée officier de l’Ordre de l’empire britannique par la reine Élisabeth II et fellow de la Faculty of Public Health Medicine du Royal College of Physicians du Royaume-Uni.
La présentation que Davos fait de son travail est cocasse, lorsqu’on la met en perspective avec sa fiche Wikipédia. Le WEF écrit que Chan fut publiquement acclamée pour sa « direction stratégique face à des crises de santé publique, ayant servi sur plusieurs lignes de front dans le combat mondial contre le H1N1, le SARS et la grippe aviaire ». Sa notice Wikipédia confirme qu’il s’agit d’une femme d’influence, en rappelant que Forbes l’a classée, en 2014, parmi les 30 femmes les plus puissantes au monde. Toutefois, la fiche précise que Chan fut « largement critiquée pour sa gestion de l’épidémie de grippe aviaire H1N1 en 1997 et l’épidémie de SARS à Hong-Kong en 2003, et pour ses dépenses de voyage extravagantes en tant que directrice-générale de l’Organisation Mondiale de la Santé ». De quoi confirmer le propos du journaliste Peter S. Goodman et sa définition de l’archétype de Davos Man.
1 – Les abonnements de son compte Twitter soulignent en effet un intérêt majeur pour cette question. Cette Commission fut présidée par Amy Gutmann, présidente de l’Université de Pennsylvanie de 2004 à 2022. En 2018, Fortune nomma Gutmann comme « l’un des 50 plus grands leaders mondiaux ». Elle fut en outre professeur de sciences politiques à la Laurance S. Rockefeller University. Depuis février 2022, elle est ambassadrice des États-Unis en Allemagne. Elle a par ailleurs reçu une quinzaine de distinctions, qui vont de l’Americanism Award de l’Anti-Defamation League à statut de fellow honoraire de la London School of Economics, créée et dirigée par la Société fabienne.
2 – Klaus Schwab et Thierry Malleret, The Great Narrative, p.172. Les sympathies d’Allen-Castellitto, notamment par son ancienne nomination par Obama, sont assez faciles à deviner. Le 14 septembre 2020, l’un de ses tweets renvoyait à son hommage écrit envers Angela Davis, militante féministe et communiste, membre du Black Panther Party. Le 18 septembre 2020, elle publia un tweet pour relayer la remise de la Médaille de la Liberté en honneur de la Justice à Ruth Bader Ginsburg, ancienne juge assesseure de la Cour suprême et anti-Trump forcenée.
3 – Le propos rapporté nommément d’elle dans The Great Narrative est inintéressant, nous le précisons donc seulement en note : « Il y a un début et une fin à chaque épidémie. », p.10.
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