La présidente de la Commission européenne, et ex membre du conseil d’administration du Forum de Davos, a tenu le 24 mai dernier le discours attendu par ses pères où pour chaque problème posé lui soit apportée la solution adéquate pour l’aggraver. Du grand art.
En plein solipsisme, von der Leyen a débuté son discours, centré sur le dyptique guerre en Ukraine / transition énergétique 1 en soulignant que « l’esprit de Davos est l’antithèse de la guerre ». Le Forum est présenté comme le héraut de valeurs positives censées apporter la mondialisation heureux pour tous : « Toute la finalité de Davos est donc de créer ensemble un avenir meilleur. » Le volet ukrainien a été ensuite abordé, où von der Leyen, non-élue, a annoncé une aide militaire ainsi qu’une assistance macro-financière de 10 milliards d’euros à destination de l’Ukraine.
En complément, von der Leyen a proposé à Volodymyr Zelensky, qui a prononcé une allocution à Davos la veille, l’implémentation d’une plateforme de reconstruction copilotée par l’Union européenne et l’Ukraine, qui combinera « réforme et investissements » 2. Von der Leyen soutient d’ailleurs l’initiative de Lugano, qualifié de « Plan Marshall pour l’Ukraine » par Børge Brende, président de Davos 3.
La guerre en Ukraine – donc Vladimir Poutine – est citée comme générant une grande instabilité dans les chaînes d’approvisionnement, accompagnée d’une hausse du prix de l’énergie. Von der Leyen précise que l’Europe 4 a décidé de s’autonomiser des énergies fossiles de la Russie. Par « chance », la transition énergétique est là, avec entre autres le Pacte vert pour l’Europe. Pour répondre à la Russie, l’Union européenne a d’ailleurs lancé le plan REPowerEU, doté de 300 milliards d’euros, afin de faire avancer cette transition. Les énergies renouvelables, qui représenteraient aujourd’hui environ 25% de l’énergie consommée dans l’UE, passeraient à 45% en 2030 5 grâce à ce plan.
Ainsi, les éoliennes en mer seront multipliées. Pas à un mensonge près, von der Leyen annonce que « c’est bon pour le climat, mais c’est bon aussi pour notre indépendance et pour notre sécurité d’approvisionnement énergétique ». L’intermittence de ces énergies et le désastre environnemental qu’elles représentent (néodyme notamment) sont cachés sous le tapis. REPowerEU vise par ailleurs à diversifier les sources d’approvisionnement énergétique. Von der Leyen annonce ainsi augmenter les livraisons de gaz naturel liquéfié des États-Unis, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à l’Europe, via des gazoducs qui devront également servir pour l’hydrogène.
C’est à ce moment qu’arrive l’un des « meilleurs » moments du discours de la davocrate :
Les économies de l’avenir ne reposeront plus sur le pétrole et le charbon, mais sur le lithium pour les batteries, sur le silicium pour les puces électroniques, sur les aimants permanents aux terres rares pour les véhicules électriques et les turbines éoliennes. Et assurément, la double transition verte et numérique va accroître massivement nos besoins de ces matériaux.
Ursula von der Leyen, 24 mai 2022
Von der Leyen annonce sans trembler que des matériaux dont l’extraction constitue un véritable massacre environnemental (et un impact souvent dramatique pour les populations) sera renforcée. Résumé : pour sauver l’environnement, il faudra investir massivement dans l’économie numérique, une économie qui repose sur les technologies. Pour fonctionner, ces technologies nécessitent des minerais terrestres et marins dont l’extraction détruit l’environnement.
Après la sécurité énergétique, la sécurité alimentaire est abordée, avec là encore Poutine désigné comme bouc émissaire, accompagné de quelques mensonges comme les bombardements délibérés que mènerait l’armée russe contre les silos à blé ukrainiens. Vladimir Poutine utiliserait « la faim et le blé pour asseoir son pouvoir ». Von der Leyen a déclaré qu’en réponse, l’UE a développé plusieurs actions (corridors, transport, etc.) pour que le blé ukrainien puisse être exporté dans les pays vulnérables.
En parallèle, l’Europe accentuerait sa production de denrées alimentaires. Côté Afrique, l’UE aiderait le continent à réduire sa dépendance à l’importation de denrées alimentaires, notamment au travers de technologies innovantes pour l’agriculture intelligente, comme les nanotechnologies. Et de terminer par un « surmontons ces immenses défis par la coopération, c’est ça l’esprit de Davos ».
De deux choses l’une, soit Ursula von der Leyen considère que les sanctions sont en train d’étouffer l’économie russe et la davocrate et son patron Klaus Schwab sont définitivement hors-sol, soit l’objectif principal de l’Union européenne est tout autre, comme il y a un demi-siècle le rappelait l’autre mentor de Schwab, également présent à cette édition du #WEF22.
Si vous contrôlez le pétrole, vous contrôlez le pays, mais si vous contrôlez les semences, vous contrôlez l’alimentation. Et celui qui contrôle l’alimentation tient la population en son pouvoir.
Henry Kissinger, 1973
1 – Le Great Reset sans le nommer.
2 – Le souhait d’Ursula von der Leyen pour l’Ukraine, cocasse, mérite d’être intégralement cité : « La reconstruction du pays devrait combiner des investissements massifs et des réformes ambitieuses, par exemple pour moderniser la capacité administrative ukrainienne; pour établir fermement l’état de droit et l’indépendance du pouvoir judiciaire; pour lutter contre la corruption; pour en finir avec l’oligarchie; pour construire une économie robuste qui soit juste, durable et compétitive; et donc pour soutenir fortement l’Ukraine dans la poursuite de sa trajectoire européenne. »
3 – Le Norvégien Brende est président du World Economic Forum depuis 2017. Auparavant, il fut député, ministre de l’Environnement, ministre des Affaires étrangères, et ministre du Commerce et de l’Industrie. Il est par ailleurs membre du comité directeur du groupe de Bilderberg et dispose de jetons dans quelques autres organismes.
4 – L’Europe, soit les institutions européennes, pas les peuples européens.
5 – Cette date n’est bien entendu pas un hasard : elle correspond à l’Agenda 2030 de l’ONU et à ses 17 Objectifs de développement durable (ODD), qui ont pris la suite de l’Agenda 21 de Maurice Strong.
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