WEF et Bluewashing — Le nouvel eldorado financier
WEF et Bluewashing — Le nouvel eldorado financier

WEF et Bluewashing — Le nouvel eldorado financier

Après le Greenwashing où l’on a pu constater que les éoliennes était un marché porteur, et ce bien qu’elles soient en réalité désastreuses pour l’environnement, le concept s’étend à l’océan. L’eau après la terre en attendant le prochain élément qui, à coup sûr sera l’air lui-même.

Au cours du #WEF22, une session a été dédiée à la question du carbone bleu, et intitulée « Libérer le potentiel du carbone bleu ». Dans la veine de l’économie bleue et de son marché obligataire, il s’agit de franchir une nouvelle frontière dans la financiarisation des produits écosystémiques issus du « capital naturel ». Le descriptif de la session en résume l’enjeu :

Les zones humides côtières séquestrent le dioxyde de carbone 400 % plus rapidement que les forêts tropicales humides et représentent environ la moitié de l’élimination totale du carbone d’origine océanique, jouant un rôle essentiel dans l’atténuation du changement climatique. Alors que les avantages de la restauration et de la conservation des mangroves pourraient l’emporter sur les coûts de 3:1, l’offre de crédits de carbone bleu fait toujours défaut. Quelle action est nécessaire pour libérer pleinement le potentiel économique du carbone bleu et maximiser son impact ?

Unlocking the Potential of Blue Carbon, 24 mai 2022

Quatre intervenants y participaient :

  • Aron Cramer, PDG de Business for Social Responsibility.
  • Douglas McCauley, directeur de la Benioff Ocean Initiative. Pour rappel, Marc Benioff est le fondateur et président de Salesforce, que Peter S. Goodman critique vertement dans son livre Davos Man pour toutes ses pratiques d’évasion fiscale. Benioff est par ailleurs membre du conseil d’administration du Forum de Davos.
  • Katherine Garrett-Cox, PDG de GIB Asset Management, de la Gulf International Bank (Royaume-Uni).
  • Carlos Eduardo Correa Escaf, ministre de l’Environnement et du Développement durable de Colombie.

Cette quête d’un nouveau marché ne date pas de cette année. Le Forum de Davos a lancé au préalable UpLink, présentée comme « une nouvelle plate-forme pour connecter les innovateurs en résolution de problèmes avec l’expertise et le réseau du Forum économique mondial. Lancée en mettant l’accent sur les océans, UpLink couvrira à terme tous les objectifs de développement durable de l’ONU ».

UpLink a ainsi lancé le Blue Carbon Challenge, un appel à innovations portant sur des initiatives dans le domaine du carbone bleu, « axées sur les mangroves, les herbiers marins, les marais et les algues, qui pourraient conduire à des crédits carbone et/ou à des outils de financement, d’éducation et de formation qui améliorent la confiance et la transparence sur le marché du carbone bleu ». Blue Carbon Challenge est soutenu par Salesforce, Conservation International, la Gulf International Bank, Rev Ocean 1, et l’institut de recherche CORDIO East Africa.

56 solutions ont déjà été soumises au sein de ce « challenge ». 12 sont mises en avant comme étant les « meilleures » : incubateurs de semis de mangrove à partir de déchets pour la côte gambienne, Africa Conservation Initiative Limited du West Africa Blue Carbon Project pour créer un projet de carbone bleu et de moyens de subsistance alternatifs dans la région de l’estuaire du fleuve Sherbro, la culture du varech comme solution au carbone bleu de la Kelp Forest Foundation, exploiter les marchés et la politique du carbone bleu à grande échelle au Belize et au Mexique par The Nature Conservancy, etc.

Ce Blue Carbon Challenge est chapeauté par Friends of Ocean Action (et son groupe de travail sur les mangroves), une organisation commune entre Davos et le World Resources Institute, financée par la Benioff Ocean Initiative. Elle est coprésidée par Peter Thompson, envoyée spécial de l’ONU sur les Océans, et Isabella Lövin, ancienne vice-Première ministre suédoise. Elle regroupe 70 membres issus d’organisations publiques et privées 2. Les « piliers » de cette initiative s’inscrivent dans la philosophie du Great Reset et du Great Narrative : activer la finance océanique, construire un océan résilient, créer un océan numérique, nourrir des milliards de personnes, et UpLink Ocean (plateforme présentée supra).

1 – Yacht conçu pour « nettoyer, étudier et sauvegarder les mers de la planète ».

2 – Nous y trouvons notamment Marco Lambertini, cartographié dans notre précédent article qui portait sur les membres du WWF à Davos.

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