Écocide — Sixième partie : à l’ombre de Stop Ecocide
Écocide — Sixième partie : à l’ombre de Stop Ecocide

Écocide — Sixième partie : à l’ombre de Stop Ecocide

L’écocide venant avec son florilège de contraintes difficiles à imaginer, cet article en dix parties vous en apprendra les origines, les acteurs et les véritables objectifs. Sixième partie.

Un carrefour de poids lourds

Nous renvoyons le lecteur à la page dédiée au bureau consultatif de Stop Ecocide pour éviter d’en dresser l’inventaire aux biographies interminables. Quelques noms nous sont connus par End Ecocide, tels que Valérie Cabanes, Nnimmo Bassey et XR avec Gail Bradbrook. Nous donnerons seulement quatre autres noms, pour illustrer les enjeux qui s’y jouent.

Jonathon Porritt, directeur et fondateur du Forum for the Future, une organisation qui vise à conduire (« accélérer ») le changement en faveur d’un « avenir durable » et revendique travailler avec des entreprises, des gouvernements et des ONG. Sa fiche Wikipédia souligne qu’il « contribue fréquemment à des magazines, journaux et livres, et apparaît à la radio et à la télévision ». Directeur de la branche britannique de Friends of the Earth de 1984 à 1990, il fit passer l’ONG de 12 700 à 226 300 membres. En 1987, il publia le Friends of the Earth Handbook. Porritt a par la suite (1991 – 2005) intégré la branche britannique du WWF, dont il fut un administrateur. Il a par ailleurs assisté au Sommet de Rio de 1992 et a écrit une introduction pour The way forward : beyond Agenda 21, qui analysait les réussites et les échecs du sommet cinq ans après. Pour le gouvernement britannique, Porritt a présidé la Commission sur le développement durable en juillet 2000. Il est en outre auteur de livres, le dernier s’appelant Hope in Hell. A decade to confront the climate emergency, au titre aligné sur l’Agenda 2030. Enfin, entre autres fonctions et affiliations, Porritt a été nommé en 2018 président de l’ONG Population Matters, dont l’ancien nom (explicite) était Optimum Population Trust.

Richard Rogers, associé du cabinet Global Diligence LLP (dont l’excroissance qui se présente « à but non lucratif » est Climate Counsel, une ONG que nous cartographions infra). Il a par le passé occupé des postes de haut niveau aux Nations unies ainsi qu’à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il a par ailleurs été consultant auprès de plusieurs gouvernements ainsi que de l’influent cabinet Deloitte. En parallèle, Richard Rogers est expert au sein du groupe d’inspection de la Banque mondiale et de la Stabilisation Unit du gouvernement britannique (unité intergouvernementale dirigée par le National Security Council), et il dispose d’une habilitation de sécurité du gouvernement britannique. Son cabinet travaille en outre en partenariat avec plusieurs ONG :

Patrick Alley, cofondateur et directeur de Global Witness 1 (depuis 1993). Global Witness, en plus d’être connue pour avoir inspiré le film Blood Diamond (réalisé par Edward Zwick, membre de Global Witness) est, comme déjà évoqué, une ONG centrale de la galaxie Open Society de George Soros. Le montant des subventions que lui accorde l’Open Society est en effet notable.

Julia Jackson, fondatrice de Grounded, une « organisation philanthropique » qui vise à proposer des solutions climatiques. Si cette ONG vous est inconnue, nous la mentionnons à dessein pour mettre en lumière qu’une vaste forêt se cache derrière cet arbre. Les partenaires de son « écosystème » sont Stop Ecocide Foundation, The Fountain, One Earth, Amazon Frontlines (financée notamment par Earth Alliance et la Fondation Manitou), et Only One (cofondée par la SeaLegacy et la Blue Sphere Foundation – devenue Only One). Son partenaire membre est Confluence Philanthropy, un gestionnaire d’actifs qui revendique comme mission de « transformer la pratique de l’investissement en alignant le capital avec les valeurs de notre communauté que sont la durabilité, l’équité et la justice. Nous soutenons et stimulons un réseau de membres provenant de fondations privées, publiques et communautaires ; de family offices ; de donateurs individuels ; et leurs conseillers en investissements qui partagent les mêmes valeurs représentent 92 milliards de dollars en actifs philanthropiques gérés, et plus de 3,5 milliers de milliards de dollars en capital géré ». Le bureau directeur du fonds comprend notamment un vice-président du Rockefeller Philanthropy Advisors et la directrice du comité d’investissement de la Sierra Club Foundation. Le partenaire marketing de Grounded est la Bank of the West de BNP Paribas. Quant aux partenaires médiatiques, ils comprennent notamment BBC StoryWorks et la branche américaine de The Guardian. En parallèle, Grounded comprend plusieurs « solutionnistes », dont le profil oscille entre les dirigeants de business énergétique ou environnementaliste (Newlight Technologies, Frost Methane Labs, Sustainable Ocean Alliance, Native Renewables…) ou d’ONG (SeaLegacy, 350.org, The Oxygen Project…), ainsi que d’autres entreprises et profils variés, dont certains déjà vus (Jojo Mehta notamment).

Du côté des organisations partenaires de Stop Ecocide, nous trouvons de l’institutionnel (Programme des Nations unies pour l’Environnement), de l’activisme « à la Thunberg » (Fridays for Future), de l’environnementalisme globalement radical (Pachamama Alliance, avec Jane Goodall, ou la branche néerlandaise de Green Cross International), du New Age (Shambala Festival, EcoResolution), le tout mélangé. Avec des interpénétrations de profils issus d’organisations financées par la famille Rockefeller (chez Faith Invest, présence de Mark Campanale de la Carbon Tracker Initiative). Les partenaires financiers ont quant à eux des profils marqués par l’anthroposophie de Rudolf Steiner (Cloverleaf Foundation, Triodos Foundation – issue de la Triodos Bank, Iona Foundation…).

***

End Ecocide et Stop Ecocide ne sont bien entendu pas les seules ONG centrées sur l’écocide. Le lecteur pourra par exemple se reporter à Climate Counsel (qui se présente comme une « excroissance à but non lucratif » de Global Diligence LLP), à Faith for Ecocide Law (coalition interconfessionnelle regroupe des chefs de file spirituels et religieux pour soutenir la reconnaissance internationale du crime d’écocide, initiée par End Ecocide, Stop Ecocide, le diocèse catholique de Stockholm, ainsi que le Conseil chrétien de Suède), et à l’Earth Law Center (qui dispose d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC des Nations unies depuis 2019). Si aucune de ces trois structures n’est aussi impressionnante par la profondeur de ses réseaux que Stop Ecocide International, l’Earth Law Center mérite de s’y arrêter en conclusion de cet article. Histoire de rappeler que le fruit tombe toujours près de l’arbre – nos lecteurs réguliers comprendront.

L’Earth Law Center a en effet fait valider ses « droits de la nature » par plusieurs villes, qui sont données à titre d’exemple. La première est Crestone, dans le Colorado. La boîte à outils précise qu’il s’agit de Baca, à savoir la communauté fondée sur la propriété du couple Maurice et Hanne Strong :

Crestone est une ville dynamique située dans le centre-sud du Colorado. Alors que Crestone n’a que 150 résidents, plus de 2 000 personnes vivent dans la grande zone du Baca Grande. Crestone est un haut-lieu spirituel, foyer de 23 centres spirituels qui représentent l’hindouisme, le bouddhisme, la chrétienté, les traditions amérindiennes et bien d’autres systèmes de croyance. […] La zone entreprit un changement majeur en 1978 lorsque Maurice Strong – un homme d’affaires canadien et diplomate des Nations unies – vint dans la région et, comme beaucoup, tomba amoureux de ses terres sauvages magnifiques. Il acquit une grande bande de terre et revint avec une idée insolite : donner la terre à toute institution spirituelle qui y ouvrirait un centre.

1 – Charmian Gooch, également cofondatrice et codirectrice de Global Witness, est membre des Young Global Leaders du World Economic Forum. Nous pouvons nous appuyer sur l’exemple de Global Witness pour illustrer la diffusion de concepts dans les médias. Les bureaux directeurs et / ou administratifs des ONG se composent de personnalités liées au monde médiatique d’une manière ou d’une autre. Le bureau directeur de Global Witness par exemple accueille Gabrielle « Gaby » Darbyshire, cofondatrice et ancienne COO de Gawker Media, directrice du bureau de GOOD Worldwide (où l’on trouvait jusqu’en 2018 Eli Pariser, ancien directeur exécutif de la sorosienne MoveOn.org), ainsi que Kirsty Lang, présentatrice à la BBC et journaliste « avec 30 ans d’expérience » (selon son profil LinkedIn), présente ou l’ayant été sur plusieurs chaînes : BBC, Channel 4, Sunday Times, en plus d’être membre du bureau administratif du British Council. Membre du bureau consultatif, Arlene McCarthy, quatre mandats au Parlement entre 1994 et 2014, anoblie par la reine, nommée parmi les 100 femmes les plus influentes de la finance européenne en 2010, 2011 et 2012, parlementaire de l’année en 2014 pour sa contribution à la réforme des marchés financiers, mais aussi conseillère sur les questions financières auprès du président de Bloomberg, groupe financier du milliardaire américain du même nom – Bloomberg diffuse de l’information économique et financière mais aussi de l’information via de nombreux supports : presse, télévision (Bloomberg TV), radio, Internet, livres ; Darlene Lee, membre du bureau et ancienne directrice exécutive de l’Earth Law Center, a été directrice générale de l’Institut Ipsos à Hong-Kong de novembre 2011 à septembre 2014.

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