L’écocide venant avec son florilège de contraintes difficiles à imaginer, cet article en dix parties vous en apprendra les origines, les acteurs et les véritables objectifs. Troisième partie.
Toute guerre cognitive se condamne à la catégorie amateur si les ONG en sont absentes. L’écocide l’illustre particulièrement. Dans le présent article, nous présenterons End Ecocide on Earth et sa fondatrice, l’influente Valérie Cabanes. Histoire de souligner une fois de plus que derrière les actions, une personne (et son équipe) et une structure, se déploient d’immenses réseaux.
L’influente Valérie Cabanes
End Ecocide nous concerne au premier rang en raison de son origine française. De son nom complet End Ecocide on Earth, elle fut créée par Valérie Cabanes, qui a décidé depuis 2022 de se mettre en retrait. Raison majeure évoquée : les avancées significatives pour faire reconnaître l’écocide. End Ecocide est associée aux ONG Stop Ecocide, End Ecocide Sweden et Earth Advocacy Youth. Un article du Monde republié sur le site de Cabanes précise notamment qu’enfant de parents divorcés, Cabanes « reste avec son père, qui organise en précurseur des rencontres New Age ». Cabanes se trouve à l’origine de nombreuses initiatives, dont Notre Affaire à Tous (voir notre article précédent). En 2015, elle avait travaillé sur une proposition d’amendements au Statut de la Cour pénale internationale portant sur le crime d’écocide. Cabanes précise avoir dans ce cadre « co-organisé deux tribunaux citoyens, l’un portant sur les droits de la nature durant la COP21 avec NatureRights et la Global Alliance for the Rights of Nature, l’autre sur les activités de Monsanto à la Haye en octobre 2016 avec The Monsanto Tribunal Foundation ». La même année, Cabanes avait participé à la rédaction du projet de Déclaration universelle des droits de l’humanité.
Mais son pedigree est bien plus conséquent. Comme presque tous les profils que nous présentons sur Davocratie, Valérie Cabanes dispose ou a disposé de casquettes multiples. La première à retenir est son rôle de conseil auprès des Nations unies, dans le cadre du programme Harmony with Nature de l’agence – où Cabanes promouvait en 2016 notamment la Charte de la Terre. Lancé en 2009, Harmony with Nature promeut une nouvelle relation entre la Terre et l’humanité, qui ne soit plus anthropocentrique. Il s’agit notamment, est-il précisé, de « reconnaître les droits de la nature dans le contexte de la promotion du développement durable ». Année après année, elle intègre de nouvelles résolutions et de nouveaux rapports. À finalité universaliste – ou mondialiste selon l’angle adopté –, Harmony with Nature est un outil de promotion de l’Agenda 2030 :
Ces programmes soutiennent le travail des Nations unies en touchant une audience plus large, avec l’objectif commun de faire progresser l’implémentation des Objectifs de développement durable, en harmonie avec la nature [in Harmony with Nature].
Tout aussi notable est sa place de membre du Comité directeur de Global Alliance for the Rights of nature (GARN), une ONG fondée et soutenue par de nombreuses organisations environnementalistes. Ce comité directeur comprend en outre Nnimmo Bassey, ancien président de Friends of the Earth International 1; Bassey est également directeur du Global Greengrants Fund 2 en plus de faire partie du réseau d’End Ecocide. On trouve au bureau consultatif Alicia Jimenez, directrice de programmes auprès du secrétariat d’Earth Charter International, dont elle est membre depuis 2006 et supervise les travaux en Amérique latine, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie Pacifique ; on y trouve aussi Liz Hosken, fondatrice de la Gaia Foundation et fellow de la Findhorn Foundation. Globalement inconnue en France, la Findhorn a son importance pour notre propos. L’une de ses fondatrices, Eileen Caddy, fut nommée membre de l’Ordre de l’Empire britannique en 2004 pour son « travail sur la recherche spirituelle ». Son mari Peter Caddy, autre co-fondateur de la Findhorn, avait servi dans la Royal Air Force. Il était en outre proche du Théosophe Robert Ogilvie Crombie, et par ailleurs ésotériste rosicrucien membre de la Rosicrucian Order Crotona Fellowship, fondée par le Wiccan George Alexander Sullivan. Alice Bailey, cofondatrice du Lucis Trust et ancienne membre de la Société théosophique d’Helena Blavatsky, fit partie de cette fellowship et fut une « mentor spirituelle » de Peter Caddy. Nous reparlerons de cet articulation entre l’ésotérisme et le New Age dans des articles ultérieurs.
En outre, militantisme juridique oblige, Valérie Cabanes a cofondé l’école de droit Wild & Legal, qui forme « à la doctrine des droits de la nature ». Le programme a été cofondé avec notamment William Bourdon (fondateur de Sherpa, une figure de proue des réseaux Soros en France), Valérie Cabanes et Marine Calmet. Cette dernière se présente comme une experte auprès de la Convention citoyenne pour le climat, au sein de laquelle nous comprenons qu’elle s’est montrée active pour tenter de faire reconnaître l’écocide.
Les autres responsabilités de Valérie Cabanes ne sont pas moins importantes : marraine de l’ONG Initiatives pour le désarmement nucléaire IDN France (financée par la sorosienne Fondation Charles Léopold Mayer, dont le président d’honneur est Pierre Calame, l’un des membres initiaux de la commission de l’Earth Charter) ; membre du comité scientifique de la Fondation Zoein (Suisse), active en faveur d’un revenu de transition écologique (RTE) ; membre du comité de la revue La pensée écologique, dont le directeur de la rédaction, Dominique Bourg, est l’ancien président du Conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l’Homme (2016-2019) de Nicolas Hulot 3.
Le « réseau » d’End Ecocide
Ce réseau que présente le site de l’ONG se compose en réalité de personnalités diverses. Leur cartographie révèle en réalité de puissants soutiens et leviers d’influence. L’Indienne Vandana Shiva est à juste titre la première d’entre elles. Elle a en effet exercé des responsabilités dans une trentaine d’organisations. Par exemple, membre du comité exécutif de la GARN, messagère de 350.org (alliée au Climate Reality Project d’Al Gore, membre du directoire de Davos), etc. Auprès de Barbara Ward (membre de la Société fabienne et instigatrice de l’idée de développement durable avec son livre Spaceship Earth en 1966) et de Wangari Maathai (Green Cross International, membre de la commission initiale d’Earth Charter International, bureau consultatif international du Jane Goodall Institute…), Shiva participa aux rencontres Sacred Earth Gathering – Wisdom Keepers de la Fondation Manitou du couple Maurice & Hanne Strong. Elle est en outre membre du World Future Council – où l’on trouve la néo-malthusienne radicale Jane Goodall comme conseillère honoraire.
Sans disposer d’un CV aussi impressionnant, les autres membres du réseau d’End Ecocide sont également des soutiens de poids. Nous mentionnerons ceux qui nous paraissent les plus importants. Ainsi de Kumi Naidoo, ancien directeur exécutif de Greenpeace International. Au-delà de son apparence extra-occidentale, Naidoo est en réalité un boursier Rhodes. Dans Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine (abondamment sourcée), l’universitaire et mentor de Bill Clinton, Carroll Quigley, rappelle ce que sont ces bourses, attribuées sur des qualités intellectuelles des prétendants mais aussi sur leur alignement sur les positions mondialistes chères à leur fondateur. Elles permettent d’étudier gratuitement pendant une durée d’un à trois ans à l’université d’Oxford, en Angleterre. Si Quigley écrivit son livre en 1949, l’état d’esprit qui règne au sein des bourses Rhodes semble perdurer. Nous retiendrons quatre boursiers Rhodes : Wesley Clark, commandant en chef des forces de l’OTAN entre 1997 et 2011 ; Bill Clinton, ancien président des États-Unis ; James Woolsey, directeur de la CIA de 1993 à 1995 ; Mike O’Sullivan, membre du bureau de la Jane Goodall Legacy Foundation.
Quant aux quelques autres : La styliste médiatique Vivienne Westwood ; Polly Higgins, cofondatrice de Stop Ecocide et décédée en 2019. En 2010, cette juriste britannique avait soumis aux Nations unies une requête demandant d’intégrer l’écocide parmi les crimes contre l’humanité, au sein de la Déclaration de Rome ; Niko Paech, un économiste allemand et ancien représentant de l’Agenda 21 à Oldenburg ; Sandor Fulop, membre du World Future Council et président de l’Environmental Management and Law Association, une ONG hongroise financée notamment par la Commission européenne et la Central European Initiative 4, mais aussi par des ONG comme DemNet 5; Jan van de Venis, expert comme Cabanes auprès du programme Harmony with Nature des Nations unies, membre ou président du bureau de diverses ONG, et ancien conseiller juridique (octobre 2004 – novembre 2007) pour Greenpeace International. Il préside également l’ONG Stand up for your Rights 6; Wouter Veening, fellow de Forest Trends (public-privé, le privé comprenant des acteurs économiques comme des ONG) et chairman de l’Institute for Environmental Security, financé par des fonds publics et privés (UICN, Département pour le développement international britannique, etc.), et partenaire d’organisations environnementales publiques comme privées (WWF, University for Peace liée à l’Earth Charter, PNUE des Nations unies, ministère de l’Écologie et du développement durable français, etc.). Cet institut comprend par ailleurs des personnalités qui occupent ou ont occupé des postes d’influence dans les plus hautes instances internationales…
Malgré tout, cette toile d’araignée reste bien plus restreinte que l’ONG de référence, Stop Ecocide International, objet de notre prochain article.
- Écocide — Première partie : lame de fond
- Écocide — Deuxième partie : l’arme juridique
- Écocide — Quatrième partie : les janusiennes Extinction Rebellion et Stop Ecocide
- Écocide — Cinquième partie : le lobby Stop Ecocide
- Écocide — Sixième partie : à l’ombre de Stop Ecocide
- Écocide — Septième partie : entre tech et New Age
- Écocide — Huitième partie : les neuf limites planétaires
- Écocide — Neuvième partie : Global Commons Alliance ou la contrainte positive
- Écocide — Dixième partie : l’humanité dernière limite planétaire
1 – Et ancien directeur exécutif (1993 – 2013) de sa branche nigériane, Environmental Rights Action.
2 – Une ancienne archive (2010) trouvée par la Wayback Machine rapporte de nombreux donateurs dont le Rockefeller Brothers Fund. Aujourd’hui, les bailleurs de fonds restent nombreux. Parmi les fondations, on notera par exemple : Ford Foundation, Charles Stewart Mott Foundation, Gordon and Betty Moore Foundation, Open Society Foundations (George Soros), David and Lucile Packard Foundation, etc.
3 – Le comité scientifique de La pensée écologique a pour secrétaire de rédaction Caroline Lejeune, membre comme Cabanes du comité scientifique de la Fondation Zoein et co-directrice de son chapitre français.
4 – La Central European Initiative définit sa « mission centrale » comme visant à « travailler vers l’intégration européenne et le développement durable grâce à la coopération régionale ». Elle se compose de 17 États-membres d’Europe centrale, orientale et sud-orientale..
5 – Elle-même paravent d’autres organisations qui la financent : Open Society Foundations, EEA Grants (là aussi en cheville avec les réseaux Soros notamment sur la question migratoire, anciennement présidée par le nouveau premier ministre de Norvège, Jonas Gahr Støre), Guerrilla Foundation (créée par Antonis Schwarz, fondateur de la grecque Vouliwatch soutenue notamment par Transparency International et le WWF ; Guerrilla Foundation est membre entre autres de l’EDGE, feuille de vigne des réseaux Soros dont fait également partie la Fondation Charles Léopold Meyer), CIVICUS (Kumi Naidoo)…
6 – Sur les cinq membres de son conseil consultatif, l’ONG comprend trois anciens cadres de Greenpeace dont un ancien cadre d’Amnesty International et un ancien membre du conseil consultatif aux Affaires internationales du gouvernement néerlandais.
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