Børge Brende préside le Forum de Davos, où il est investi de longue date. Mondialiste davocrate interchangeable avec d’autres du même profil, il est l’une des voix de son maître, Klaus Schwab.
La figure de Klaus Schwab et de son éminence grise Yuval Noah Harari sont les plus médiatiques du Forum de Davos. D’autres profils sont à identifier. Au premier rang de ceux-ci, le Norvégien Børge Brende, qui préside le Forum de Davos depuis octobre 2017. Au cours du #WEF22, on se rappelle que Brende suggéra assez explicitement de mettre fin au droit de veto et à la règle de l’unanimité au sein de l’Union Européenne, ainsi que d’exclure des membres qui ne respecteraient pas certaines « obligations » de la Commission. Sa relation au Forum est toutefois bien antérieure. De mai 2012 à janvier 2014, Brende siégea au bureau de la Fondation des Global Shapers de Davos. Ce programme, dont nous reparlerons dans un autre article, a été créé en 2011 par Klaus Schwab et d’autres davocrates en 2011. Son objectif est de racoler des individus dans leur vingtaine, identifiés par leur potentiel de futurs leaders. En 2022, plus de 10 000 « Shapers » étaient répartis sur près de 500 plateformes dans environ 150 pays.
Brende avait déjà été le directeur général du World Economic Forum d’avril 2011 à octobre 2013, et auparavant de janvier 2008 à juin 2009. Hors du WEF, Brend possède, à l’image de nombreux davocrates, d’un solide pedigree réparti tant dans le public que dans le privé. Son profil LinkedIn comme sa fiche sur le site de Davos rapportent ses divers postes et ses récompenses – la fiche de Davos fournit bien plus d’informations. Parmi les organisations notables, Brende est membre depuis mai 2019 – et encore à ce jour – du directoire du Groupe de Bilderberg, l’une des entités les plus influentes et les plus opaques au monde 1. Ceci n’empêche pas Klaus Schwab et Børge Brende de prôner la transparence généralisée, mais pour autrui.
Nous sommes plus heureux dans un monde où nous nous rencontrons et où nous agissons ensemble. Nous devrions créer un monde gagnant-gagnant.
Børge Brende, séance de clôture du WEF22, 26 mai 2022.
Dans le public, Børge Brende a occupé des postes à responsabilité dans son pays : vice-président du Parti conservateur norvégien (1994-1998), membre du cabinet du ministre de l’Environnement (2001-2004), membre du cabinet du ministre du Commerce et de l’Industrie (2004-2005), député au Parlement norvégien (1997-2007), dont : 1997-2001, membre de la commission permanente sur les questions économiques et financières, et 2005-2008, vice-président de la commission permanente sur l’énergie et l’environnement. Après un hiatus de quelques années et un passage, outre le WEF, dans les ONG (Croix-Rouge 2, Gender Equality Project) et dans le monde des affaires (Mesta 3, Statoil 4), Brende devint ministre norvégien des Affaires étrangères d’octobre 2013 à octobre 2017, date à laquelle il prit son actuel poste de président du WEF. Pour la forme enfin, nous noterons le poste de chairman de la commission de l’ONU sur le développement durable que Brende a occupé de 2003 à 2004.
L’appui à la financiarisation de la nature
Mais d’autres éléments, distillés sur sa fiche du WEF, interpellent. En sa qualité de président du WEF, Børge Brende a siégé au comité directeur de la plateforme P4G, pour Pioneering Green Partnerships, Investing in Impact 5, d’avril 2018 au 1er janvier 2022. La mission de l’organisation est explicite : répondre aux Objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030 de l’ONU et à l’Accord de Paris, soit l’implémentation du Great Reset : « build back better and greener ». Les partenaires de la plateforme sont de plusieurs types 6. On y trouve 12 pays 7 ainsi que des « partenaires organisationnels » : World Resources Institute, World Economic Forum, International Finance Corporation (Banque mondiale), Global Green Growth Institute 8, et C40 Cities Climate Leadership Group 9. P4G dispose en outre de partenaires dits d’ « investissement et de connaissance », principalement des coalitions qui englobent dont le business repose sur l’environnementalisme et les produits financiers (i. e. une spéculation sur le vivant et les ressources) :
Dans la même veine, la fiche WEF de Brende indique un poste de membre du directoire de la Technology for Ocean Foundation. Les informations qu’en donne le site de Davos indique qu’elle possède son siège en Norvège et se dédie à presque tous les sujets liés à l’environnement, visant à l’extension des technologies de la Quatrième révolution industrielle tant vantée par Schwab. En d’autres termes, des technologies qui fassent fusionner les mondes physique, biologique et numérique tel que le maître de Davos définit cette révolution – pour aboutir au transhumanisme et à un Internet des Objets omniprésent, soit une folie sanitaire et environnementale. Cette Fondation est intégrée au réseau C4IR Ocean (membre du réseau du Centre for the Fourth Industrial Revolution), créé par Davos et le groupe Aker 10.
Son objectif affiché est de « promouvoir l’innovation et la technologie dans le domaine des océans […] rapprocher l’industrie, les universités, les gouvernements et le public en vue de créer de nouvelles méthodes permettant d’implémenter rapidement les technologies de données émergentes visant à restaurer les fonds marins afin qu’ils soient plus résilients et économiquement productifs ».
En décembre 2020, répondant à l’appel notamment de la Première ministre norvégienne Erna Solberg, le C4IR et la Microsoft Corporation de Gates ont pris la tête d’une Coalition d’action sur les données océaniques (Action Coalition on Ocean Data), de quoi développer de nouveaux produits financiers bleus sous prétexte de protection de l’environnement.
Brende, un Norvégien parmi d’autres
Le choix de Børge Brende, un Norvégien, pour diriger Davos est peut-être moins anodin qu’il n’y paraît. Ce pays correspond aux critères de la social-démocratie telle que la conçoit Davos. L’ONG sorosienne Transparency International la prend pour un modèle de transparence. En 2021, elle lui attribuait un score de 85/100 et la classait 4e/180 pays dans son Indice de perception de la corruption, une opération d’influence qui distribue les bons et les mauvais points depuis 1995 aux partisans comme aux adversaires de la « transparence » telle que la conçoivent des personnes comme Schwab. Transparency International est toutefois toujours restée muette sur son bailleur de fonds George Soros. En parallèle, la Norvège est le pays qui accueille la réserve mondiale de semences du Svalbard, une sorte de bunker qui vise officiellement à conserver les graines de toutes les cultures vivrières de la planète. Or cette réserve est notoirement financée par l’ONU mais aussi par la Fondation de Bill Gates.
Le secrétaire général de l’OTAN depuis 2014, Jens Stoltenberg, est pour sa part un ancien Premier ministre de Norvège (2005-2013). Son père, Thorvald Stoltenberg, était quant à lui membre du comité exécutif de l’influente Commission Trilatérale, directeur de l’International Crisis Group, et président de la Croix Rouge norvégienne, en plus de divers postes à l’ONU (où il côtoya Maurice Strong, mentor de Schwab) et de responsabilités ministérielles en Norvège. On peut aussi penser à Gro Harlem Brundtland, ancienne Première ministre de Norvège et rapporteuse de la Commission Brundtland, qui grava dans le marbre le concept de développement durable en 1987. Brundtland fut par ailleurs directrice générale de l’OMS, première présidente du conseil d’administration de GAVI (l’Alliance des Vaccins) et est aujourd’hui membre de l’ONG The Elders qu’elle a cofondé (ex-Global Elders), une organisation qui vise à résoudre des problèmes mondiaux dont le « réchauffement climatique ».
Enfin, Erna Solberg, qui a confié au C4IR de Davos le leadership sur la coalition océanique précitée, est elle-même membre du WEF. Première ministre de Norvège de 2013 à 2021, elle dirige le Parti conservateur (dont est issu Brende) depuis 2004. En 2020, elle offrit généreusement 13 milliards de dollars à une coalition regroupant la CEPI, Gavi (l’Alliance des Vaccins), le Global Fund et Unitaid, des organisations principalement financées par la Fondation Gates. Ceci, en plein conflit d’intérêt en raison du poste occupé par Solberg à l’ONU comme au Forum de Davos, comme le rappelait un article du Steigan : « En tant que chef de l’ONU, elle augmentera le financement des programmes et, en tant que Premier ministre, elle veillera à ce que des fonds accrus soient accordés ». En effet, Solberg fut la première co-présidente du groupe de pression pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement, et depuis 2016, du groupe de pression sur les Objectifs de développement durable, nommée par le secrétaire-général des Nations unies. La boucle est bouclée.
1 – Les thématiques abordées dans ces rencontres ainsi que les participants sont disponibles en ligne et dans des revues comme Faits & Documents. Pour rappel, le Groupe de Bilderberg a été cofondé par le néomalthusien David Rockefeller. Impulsé par Joseph Retinger, il sera présidé de 1954 à 1975 par le Prince Bernhard de Hollande, par ailleurs président du WWF de 1962 à 1976.
2 – Dont il fut secrétaire général pour la Norvège. Il occupa également le poste de vice-président au sein du corps consultatif sur les Principes humanitaires et la Diplomatie de la Fédération internationale de la Croix Rouge et des sociétés du Croissant Rouge.
3 – Plus grand groupe contractant de Norvège dans le domaine de la maintenance routière. Brende fut chairman de son directoire de juin 2010 à octobre 2013, date où il deviendra directeur général du WEF pour la deuxième fois.
4 – Grande entreprise pétrolière. Brende fut membre de son directoire de septembre 2012 à octobre 2013.
5 – Dont l’ancien nom, écrit sur la fiche WEF de Brende, est Partnering for Green Growth and Global Goals 2030, soit une organisation inscrite dans la réalisation des Objectifs de développement durable, successeurs de l’Agenda 21 de Maurice Sontrg.
6 – Le directoire de P4G en constitue le reflet.
7 – Bangladesh, Danemark, Éthiopie, Indonésie, Kenya, Pays-Bas, Chili, Colombie, Corée du Sud, Afrique du Sud, Mexique, Vietnam.
8 – Organisation intergouvernementale créée en 2012 au Sommet Rio+20.
9 – Organisation créée en 2005 qui vise à lutter contre le « changement climatique ».
10 – Société norvégienne d’investissement industriel qui possède une participation active « dans les secteurs du pétrole et du gaz, des énergies renouvelables et des technologies vertes, de la biotechnologie marine, des logiciels industriels et de la gestion d’actifs », selon sa fiche sur le site du WEF.
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