Hier, nous avons présenté la genèse de ce projet de ce #PassSanitaire européen lancé dès fin 2017 et pour lequel la COVID a representé une fantastique opportunité. Depuis, les initiatives abondent et malgré des variantes inhérentes au marché, toutes convergent vers le crédit social.
The Commons Project Foundation
Il est comme toujours nécessaire de savoir d’où parle une organisation. En l’occurrence, le conseil d’administration « indépendant » de la Fondation The Commons Project répond sans trop de soucis à cette question : 13 de ses 17 membres sont américains. Les extra-américains ne sont pas plus indépendants pour autant. Jen Zhu Scott, présidente exécutive du bureau mondial, Chinoise, a été nommée en 2021 parmi les 50 femmes les plus influentes de Chine. Elle est en outre China Fellow de l’Aspen Institute, boursière de Chatham House, et Young Global Leader (promotion 2013) de Davos. The Commons Project comprend en outre de très nombreux membres d’entités variées au sein de son assemblée générale. En 2021, nous y notions notamment la présence du directeur mondial de la performance de BlackRock 6, d’un ancien associé de Goldman Sachs, et du président exécutif de la banque J. P. Morgan.
Le cofondateur et président du Commons Project, quant à lui, se nomme Paul Meyer et est un Young Global Leader de Davos, outre sa fellowship à l’Aspen Institute, son appartenance au Council on Foreign Relations, et sa qualité d’ancien rédacteur de discours à la Maison Blanche. L’actuelle PDG, Zhenya Lindgart, est une ancienne associée senior et directrice générale du Boston Consulting Group, l’un des « Big Four » des cabinets de conseil, où elle a passé près de vingt ans (2000-2019) 7.
Côté partenaires, les noms sont affichés sur la page d’accueil du site de la Fondation :
Sans revenir sur chacun des partenaires, arrêtons-nous un instant sur Smart Africa. Le chairman du directoire est Paul Kagamé, le sulfureux président rwandais. Nous présentons ici cette information car lors du #WEF22, Kagame tenait une conférence de presse aux côtés de Bill Gates et d’Albert Bourla (Pfizer), le mercredi 25 mai 2022. Il s’y déclarait satisfait de l’initiative des deux hommes de fournir à prix coûtant des vaccins (notamment COVID) aux pays en développement, dont le Rwanda. Le directoire de Smart Africa se compose de trente présidents africains 8, ce qui avec un minimum d’esprit d’escalier fournit des indices sur la prochaine étape de The Commons Project Foundation.
Cette dernière a développé cinq initiatives. Dans notre rapport sur l’influence des ONG, nous nous étions arrêtés sur le CommonPass. Il s’agit tout simplement d’une version clé-en-main du Digital Green Certificate. Dit autrement, il représente une opportunité économique conséquente pour le World Economic Forum et ses partenaires en prenant pour prétexte la crise sanitaire. Le CommonPass propose de partager son statut sanitaire « afin de pouvoir retourner sans risque à la vie normale ». La photo l’accompagnant montre qu’il concerne le COVID-19 9 :
Le projet a pour le moment été mis en pause. Le site dédié au CommonPass précise qu’en raison de la levée des restrictions encadrant les voyages dans le cadre du COVID19, l’appli est suspendue pour une durée indéterminée. Pour autant, les organismes de cet écosystème poursuivent leur agenda, certaines initiatives étant apparues ultérieurement à la publication de notre rapport.
Application SMART Health Code Verifier
Cette application constitue un pas supplémentaire vers le contrôle biométrique des populations. Elle propose de scanner le QR Code de l’une de ces cartes de santé pour vérifier le test COVID d’une personne ou son statut vaccinal. Pour fonctionner, la Smart Card doit être émise par un membre du registre des émetteurs du Common Trust Network. Le modèle de société envisagé est explicite : « Utilisez l’application gratuite Verifier dans votre petite entreprise, votre salle de concert, votre école ou votre salle de sport. » Ailleurs sur son site, la Fondation enfonce le clou : « La vérification des preuves de vaccination est essentielle à la réouverture des bureaux, des écoles, des entreprises et des itinéraires de voyage. Avec plus de 200 millions d’Américains ayant accès aux SMART Health Cards, nous pouvons vous aider à vérifier votre état de santé rapidement, en toute confiance et facilement. » En d’autres termes, ce système permet de soumettre chaque citoyen, n’importe où et n’importe quand, à un contrôle pseudo sanitaire : « Les solutions de vérification du projet Commons aident les organisations de toutes tailles à vérifier l’état de santé des individus rapidement et en toute confiance. » Nous renvoyons le lecteur vers l’une des pages dédiées pour plus d’informations.
Common Trust Network
Aujourd’hui, le Common Trust Network se présente comme un registre mondial d’organisations qui émettent des certificats de santé vérifiables à partir des données de santé. Le procédé est bien entendu présenté de manière positive : « Des données de santé fiables pour un monde connecté ». Le CommonPass abandonné, le Common Trust Network passe par des moyens détournés pour vendre les solutions de contrôle des populations sous prétexte sanitaire de sa Fondation.
Alors que les pays, les États et les territoires cherchent à se remettre de la pandémie de COVID-19, l’un des éléments clés de l’assouplissement des confinements et de la réouverture des frontières est la nécessité d’un moyen fiable, digne de confiance et efficace de valider l’état de santé des individus. Que ce soit pour retourner au travail ou à l’école ou pour traverser une frontière, les individus auront souvent besoin d’une preuve de vaccination ou d’un test COVID négatif récent. Les applications de laissez-passer de santé et les codes QR peuvent aider, mais seulement si les résultats des tests et les dossiers de vaccination qu’ils contiennent sont vérifiables et émis par des sources fiables. En s’alignant sur les informations d’identification de santé vérifiables, le réseau CommonTrust permet aux gouvernements, aux destinations, aux entreprises et à d’autres organisations de faire confiance aux données des informations d’identification de santé numérique d’un individu tout en protégeant la confidentialité de ses données.
Common Trust Network
Les sources de données sur la santé présentées par le CTN sont de cinq types et mettront la puce à l’oreille du lecteur alerte :
- Systèmes de santé clinique ou hôpitaux fournissant des soins aux patients
- Chaînes de pharmacies nationales ou régionales
- Fournisseurs nationaux ou régionaux de diagnostics de laboratoire
- Payeurs nationaux ou régionaux de l’assurance maladie
- Organismes gouvernementaux ou gouvernements.
En résumé, comme il le précise lui-même, le Common Trust Network déploie les solutions de SMART Health Cards (STC). Pour le moment, il s’agit essentiellement des États-Unis, du Canada et de quelques gouvernements centraux : Japon, Puerto Rico, Senegal, district de santé locale de Sydney… Plusieurs pharmacies et fournisseurs de soins de santé sont en outre émetteurs de ces STC.
Au moment d’écrire notre rapport (avril-juin 2021), l’initiative Common Trust Network était présentée comme une collaboration de parties prenantes publiques & privées voulant « aider à garantir que seuls des résultats vérifiables venant de laboratoires ainsi que des enregistrements vaccinaux provenant de sources fiables soient présentés pour les voyages transfrontaliers et le commerce ». Un passage en revue du site du projet soulignait l’avance – ou l’anticipation – prise par le Common Trust Network(et donc le WEF) sur l’Union Européenne. Côté partenaires dans le domaine de la santé, le CTN annonçait disposer, au niveau mondial 10, de « fournisseurs de tests, de vaccins, et de registres de santé publique ». Ceci représentait, au 15/06/2021, 48 organisations 11. Les sites relatifs aux initiatives de la Fondation se sont intensivement développés depuis cette date. The Common Trust Network annonce désormais avoir dans son réseau plus de 477 sources de données de plus de 45 gouvernements nationaux, pour un total de plus de 26 700 lieux de test et de vaccination. De manière plus précise, le CTN présente tout ceci comme « un registre mondial de fournisseurs de tests, de systèmes de santé, de fournisseurs de vaccination, et de registres de santé publics ».
Les informations de la mi-2021 restent accessibles au moyen de la Wayback Machine. Le CTN disposait alors de 24 partenaires technologiques (dont IBM, Mastercard, Salesforce ou la puissante Oracle), six fournisseurs d’applications (dont la sienne, le CommonPass), et une quinzaine de l’industrie du tourisme (dont Allianz Partners, Airports Council International, International Transport Workers’ Federation ou encore World Travel & Tourism Council). Aucun gouvernement n’était toutefois inscrit, à ce moment, comme participant au CommonPass.
Le Common Trust Network annonce désormais collaborer principalement avec le World Economic Forum, ainsi qu’avec Vaccination Credential Initiative (VCI), créée début 2021. Celle-ci se définit comme une coalition publique-privée dédiée à l’autonomisation des individus en leur proposant d’accéder à une information clinique vérifiable, notamment par des copies de leurs enregistrements vaccinaux. VCI est à l’origine du développement et de l’implémentation de la SMART Health Card. La gouvernance de la coalition est assurée par huit organisations, parmi lesquelles The Commons Project Foundation et Microsoft de Bill Gates. En pratique, VCI compte plusieurs centaines de membres. Par ailleurs, Amazon Web Services (AWS) et Salesforce du Davos Man Marc Benioff figurent parmi ses principaux partenaires :
CommonHealth
Il s’agit d’un service à la fois différent et identique aux projets précités. JP Pollak, cofondateur de The Commons Project et coleader 12 de VCI, présente CommonHealth comme une appli qui aide les gens à télécharger et stocker leurs dossiers de santé directement sur leur appareil, et à les partager avec d’autres applications de leur téléphone. Après un charabia classique sur l’avancée indéniable que représenterait CommonHealth, Pollak en arrive au point-clé : « Le partage des résultats des tests COVID-19 et des dossiers de vaccination est un rôle naturel pour CommonHealth. Nous nous efforçons de donner aux gens un moyen de présenter des données de santé signées à des vérificateurs tels que des employeurs ou des compagnies aériennes et de faire en sorte que ces données soient fiables tout en favorisant la confidentialité. »
CommonHealth annonce, de manière quelque peu tautologique, collaborer avec huit organisations :
CommonCheck
Ce programme de The Commons Project Foundation pousse le projet de contrôle un cran plus loin dans la logique du Great Reset. Il se présente comme « un service intégré pour la réouverture des voyages mondiaux ». Il vérifie « l’état de santé » des voyageurs en amont de leur trajet et se destine aux « partenaires gouvernementaux ». En phase avec le Great Reset, il prend en charge plusieurs types de données, parmi lesquelles celles des certificats européens concernant le COVID et décidés par Bruxelles :
***
En conclusion, pendant que le CommonPass a été mis en sommeil, la Rockefeller Foundation, le Forum de Davos et de nombreux acteurs qui nous veulent du bien continuent d’implémenter leurs outils de surveillance et de contrôle, lentement mais sûrement.
6 – BlackRock est enregistrée comme entité de catégorie II (entreprise) dans le registre de transparence de la Commission européenne. Il s’agit aussi d’un acteur central au cœur du dispositif du Great Reset, principalement au travers de la « monnaie hélicoptère », comme l’explique le n°489 de Faits & Documents : « […] le Forum de Davos reconnaît […] que le Covid-19 a permis l’application de la théorie monétaire moderne (monnaie hélicoptère) promue en août 2019 auprès des banques centrales lors du symposium de Jackson Hole par BlackRock afin d’abolir la frontière entre politique monétaire et politique budgétaire. Ainsi les banques centrales maintiendraient une « facilité budgétaire d’urgence permanente » qui serait activée lorsque la manipulation des taux d’intérêt ne fonctionnerait plus pour éviter la déflation. Une « facilité » déployée par un « expert indépendant » désigné par les banques centrales. Et en mars 2020, BlackRock a obtenu ce mandat de la Réserve fédérale (FED), un contrat sans appel d’offres en vertu de la loi sur l’aide, le soulagement et la sécurité économique du coronavirus (dite loi CARES) pour déployer une caisse noire de 454 milliards de dollars créée par le Trésor en partenariat avec la FED. […] Les actifs de BlackRock sont gérés par l’intelligence artificielle via son logiciel Aladdin qui a obtenu la tâche de distribuer des fonds de la Réserve fédérale par le biais des onze « véhicules à usage spécial » mis en place en vertu de la loi CARES. Ces véhicules ont été conçus pour permettre à la FED de financer l’achat d’actifs plus risqués sur le marché, c’est-à-dire essentiellement des ETF. Comme l’explique Ryan Clements (Université Duke) : « Les ETF sont au cœur de la crise financière du COVID-19 ». En plus de sauver le secteur des ETF qui risquait de s’effondrer, BlackRock a donc pris, en substance, les rênes de la FED et s’est hissé au sommet du système que dessine le Great Reset. »
7 – Elle fut par la suite vice-présidente d’Uber pendant près d’un an et demi.
8 – Ainsi que d’entreprises « platinum », soit les meilleures mécènes de Smart Africa, parmi lesquels Orange, Google, SoftBank, Huawei ou le cabinet de conseil PwC.
9 – Une vidéo de présentation, réalisée le 31 mars et publiée sur la chaîne YouTube de The Commons Project, est par ailleurs disponible à partir du site – mais marquée comme non répertoriée, encore au moins de juin 2022.
10 – Lien désormais inactif, passer par la Wayback Machine.
11 – Contre 43 le 05/05/2021.
12 – Les lecteurs de Davocratie trouveront le profil de JP Pollak intéressant. En effet, outre ses implications dans les technologies de santé, il se présente comme bénévole dans des activités de conservation de la vie sauvage.
2,203 vues